Stratégie de financement de la sécurité sociale : tous concernés.

Ces derniers mois nous ont démontré à quel point notre système de sécurité sociale était exceptionnelle. Alors qu’un véritable chaos s’installe dans de nombreux pays, que la misère, la faim et la mort guettent des millions d’être humain ; nous reprenons, pour la plupart, plus ou moins sereinement, une vie quasi normale.

Le confinement a permis de contrôler l’épidémie de manière spectaculaire. Nos hôpitaux n’ont été débordé que partiellement sur le territoire et pendant une période relativement courte. La majorité des patients ont pu être pris en charge. La grande majorité des actifs ont continué à percevoir un salaire et depuis quelques semaines l’économie redémarre avec pour une majorité de consommateurs une certaine impatience à consommer de nouveau et relancer la machine.

Cette prouesse, alors que nous traversons une crise mondiale grave et que la majorité des pays dans le monde voient la peur et la misère fusiller leur économie pendant que leurs cimetières se remplissent, nous la devons à notre système de sécurité sociale. Ce projet de société hors du commun fut mis en place au sortir de la seconde guerre mondiale notamment sous l’impulsion d’Ambroise Croizat un résistant communiste qui occupa le poste de ministre du travail de 1945 à 1947. La France dévastée par la guerre sort du chaos en instaurant une politique de solidarité sans précédent. Ce projet selon les mots même du ministre prévoit  » la remise complète entre les mains des assurés eux-même de la gestion des organismes de sécurité sociale ». L’objectif est que chaque Français trouve dans ce système des avantages toujours plus substantiels.

Pourtant depuis deux semaines, dans la discrétion la plus totale et sans concertation avec les représentants sociaux, des arbitrages fondamentaux pour l’avenir de la sécurité sociale se font à l’assemblée nationale.

Il a été notamment décidé de transférer le déficit des caisses de la sécurité sociale accumulé pendant les trois derniers mois à la CADES. Cette caisse place sur les marchés financiers la dette sociale. Ensuite, cette dette est remboursée via les impôts prélevés sur les salaires et les retraites. Cette décision n’est pas une opération financière mais un choix politique fort qui veut passer inaperçu. Or, il grève les marges de manœuvre de la sécurité sociale pour les années à venir et il est le symptôme d’une accélération de la prise de conscience de l’état sur la sécurité sociale aux détriments des assurés sociaux. En outre, cette décision éteint tous les débats de fond sur le financement de la sécurité sociale à long terme.

Il convient de le souligner encore une fois, ce transfert de dette relève d’un choix politique. Des alternatives sont possibles notamment celle de faire des choix politiques forts où la banque centrale européenne financerait une partie de la dette et investirait dans les domaines qui en ont besoin via le parlement européen. Il ne s’agit pas d’argent magique mais d’une décision politique qui implique des modifications des traités européens et de la pensée économique actuelle. (Cette solution est d’ailleurs plébiscité directement par des économistes réputés).

En outre, il est temps de revoir notre perception des dépenses de la sécurité sociale. Chaque fois que l’on évoque ce système, on y associe les mots dette, déficit, poids pour la société… Or nous venons de le voir, il s’agit d’un investissement central pour la stabilité de notre système. C’est la solidité de notre système de sécurité sociale qui fait la solidité de notre pays face aux crises. Pour s’en rendre compte, il est temps que nos indicateurs économiques évoluent pour prendre en compte les investissements qui ont une soutenabilité forte. (santé, transition écologique, protection sociale…)

La crise du Covid est loin d’être terminée. L’urgence est aux réformes fortes et au renforcement de nos acquis sociaux. Comme lors de sa création, l’avenir de notre sécurité sociale est entre les mains de chacun des assurés. Il faut en prendre conscience et monter notre détermination pour faire évoluer notre société vers plus de justice sociale, d’égalité et donc de liberté.

Pour en creuser toutes ces questions je vous conseille d’écouter les chroniques de La bulle économique de Marie Viennot sur France Culture. Les vidéos de la chaîne Youtube Heu?reka sont aussi particulièrement éclairante.

Ce n’est pas parce que notre monde est complexe qu’il faut renoncer à le comprendre.

Courage et persévérance

Gabriel Hallali800px-Nuit_du_4_aout_1789,_Musée_de_la_Révolution_française_-_Vizille

 

 

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