Le directeur de l’organisation mondiale de la santé appelle depuis la mi-février les pays du monde entier à tester les patients afin de détecter les cas de Covid 19. Cependant, quelle est la fiabilité de ces tests ? Sont-ils vraiment efficaces pour détecter les personnes atteintes par le virus ?
En effet, jusque là, le test disponible permet de détecter la présence du virus dans les voies respiratoires d’un individu par méthode PCR. La positivité du test dépend de la quantité de virus présente dans les voies respiratoires d’un individu. Cette quantité dépend du temps écoulé depuis l’apparition des symptômes et de la sévérité de la maladie.
Les études évaluant la performance de ces tests sont d’une qualité méthodologique faible. Protocoles différents pour réaliser les tests selon les centres, test gold standard mal défini, nombre de patients testés faible… Néanmoins, l’agrégation des données issus de ces études permet d’avoir une estimation de la sensibilité du test (probabilité que le test soit positif chez une personne effectivement atteinte par le virus) qui se situe autour de 70% (IC : 56 – 82) et de la spécificité (probabilité que le test soit négatif chez une personne qui n’est pas atteinte par le virus) qui est proche de 100%.
Rappelons-le, l’enjeu du test pour contrôler la pandémie est double : détecter les cas positifs de manière large pour les isoler tout en étant certain que les individus négatifs ne soient pas porteurs du virus. En d’autres termes, la valeur prédictive positive et négative du test sont-elles suffisantes ?
Pour bien comprendre ces notions je vous invite à consulter un article paru sur le blog de Raphaël Groscot (doctorant à l’université Paris Dauphine) : https://www.groscot.fr/fiabilite-des-tests-de-depistage-covid19

Pour contenir l’épidémie de Covid 19, le test PCR a-t-il une valeur prédictive positive et négative suffisamment importante pour différencier les individus malades des sains ?
Outre la variabilité probable de la sensibilité et spécificité du test PCR selon le centre qui le réalise (variabilité interobservateurs) ou le soignant qui le pratique (variabilité intraobservateur), la prévalence de la maladie dans la population a une influence forte sur les conclusions que l’on peut tirer des résultats de ces tests. Ainsi, la valeur prédictive positive et négative varient en fonction de la prévalence de la maladie dans la population testée.
Si la prévalence de la maladie est faible dans la population que l’on teste (1% des patients de la population que l’on teste sont effectivement atteints par le virus) une spécificité de 99% et une sensibilité autour de 70% (fiabilité des tests Covid 19 actuels) correspondent à une valeur prédictive positive de 100% et une valeur prédictive négative de 98%. Le test est donc très fiable.
Cependant si la prévalence de la maladie augmente dans la population (patients issus d’un foyer de contamination forte par le virus où 45% des personnes présentent la maladie) ; pour les mêmes valeurs de sensibilité et de spécificité la valeur prédictive négative du test n’est plus que de 80%.
Pour vous en convaincre je vous invite fortement à utiliser le module proposé dans la deuxième partie de l’article de Raphaël Groscot : https://www.groscot.fr/fiabilite-des-tests-de-depistage-covid19
Ainsi, on comprend pourquoi le test PCR actuel n’est pas assez fiable pour être utilisé dans une population où la prévalence de l’infection par Covid 19 est élevée. (Par exemple, les personnes issues d’une zone où le virus circule activement comme à Mulhouse ou dans l’Oise).
Si notre infrastructure ne permet pas aujourd’hui de tester tout le monde, on peut s’interroger sur la pertinence de réaliser des tests sur des patients présentant des symptômes typiques du coronavirus issus d’une ville où le virus circule activement. Tester des personnes asymptomatiques ou présentant une symptomatologie atypique dans des régions où le virus circule peu est loin d’être absurde.
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