Le Covid19 va modifier profondément nos sociétés. La crise sanitaire en cours ne sera pas de courte durée car il n’y a pas de solution simple pour arrêter les ravages de ce virus à l’échelle du monde.
Un enjeu considérable se dessine : la gestion des données de santé et de localisation de la population humaine. En Chine, la liberté de se déplacer, liberté fondamentale et inaliénable pour nos démocraties, est devenue dépendante de l’état de santé de l’individu. L’absence de fièvre, l’absence de contact récent avec des personnes potentiellement malades bientôt peut-être le statut immunitaire et le portage nasal du virus seront devenus les conditions sine qua non de cette liberté.
Par ailleurs, une bonne gestion de la pandémie implique une bonne connaissance des données de santé de la population pour protéger les individus les plus fragiles, répartir les moyens sanitaire sur le territoire…
Le seul moyen pour ne pas renoncer à nos libertés est de prendre conscience à l’échelle européenne que ces données constituent l’enjeu principal pour ces prochaines années.
En France, de nombreux acteurs privés profitent de cette crise pour s’imposer comme leader dans la collecte et le traitement de ces données. On peut penser notamment à l’essor brutal des télé-consultations via la Plateforme Doctolib, l’accès aux résultats en ligne pour tous les patients des analyses en laboratoire, le logiciel de suivi à distance des patients ayant eu des symptômes compatibles avec le Covid 19 (Covidom)…

Si l’on veut conserver nos libertés fondamentales, si l’on veut garantir à chaque individu que ses données de santé soient utilisés à bon escient et ne deviennent pas un instrument pour le restreindre dans sa vie privée et professionnelle (prêts bancaires, prime de mutuelle…) Il faut dès à présent avoir une réponse européenne forte. Il faut que ces données soient collectées et gérées à l’échelle européenne en s’affranchissant des acteurs aux intérêts privés. L’Europe doit garantir les droits de ses citoyens en développant en urgence des outils de collecte et de gestion de ces données à l’échelle de notre continent en garantissant la protection de celles-ci.
Une politique forte de régulation et une coopération européenne aboutiront à court terme à une réponse coordonnée des états et donc une meilleure gestion de la crise. A long terme, ces données seront une véritable aubaine pour observer l’efficacité des différentes politiques de santé, uniformiser la qualité et la pertinence des soins d’un pays à l’autre, mieux attribuer les ressources, comprendte l’effet des médicaments en population réelle…

Laisser des acteurs aux intérêts privées s’arracher nos données aurait de lourdes conséquences sur la souveraineté de notre état et la sécurité des personnes. Gérer cette crise par une régulation uniquement à l’échelle nationale serait une erreur qui aboutirait nécessairement à un repli nationaliste et une réduction de nos libertés.
Nous sommes confinés, l’économie est à l’arrêt, c’est un moment unique pour réfléchir à l’organisation de notre société. Le débat sur les données de santé devrait être au coeur de nos discussions.
Gabriel Hallali
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